Nous tournoyons dans la nuit et nous voilà consumés par le feu
Jonas Lambelet
Nous tournoyons dans la nuit et nous voilà consumés par le feu raconte la plongée dans la folie comme échappatoire au désastre du présent.
Un homme seul, poussé à bout par les nécropolitiques de notre époque, est sur le point de passer à l’acte. La violence qu’il s’apprêtait à déchainer – contre d’autres ou lui-même – bifurque vers la parole. Il se débat avec la langue, les idées, s’empêtre dans son récit, ses rêves et sa rage. Abandonnant peu à peu le sensé au profit du sensible, il fait acte de sécession avec la normalité pour mieux se dire.
Le bruit de l’époque résonne comme autant de variations de la dépression. On prédit l’effondrement, on dénonce la perte de sens, on décline l’horizon en diverses tonalités d’un même gris. Des sad boys de la trap aux dystopies des séries, les récits contemporains sont produits comme autant de dénonciations d’un présent à la fois figé et en constante mutation. Nous tournoyons dans la nuit et nous voilà consumés par le feu est le récit d’un passage à l’acte, d’un face à face entre un individu et le collectif dont il fait partie. C’est la tentative d’échapper à la « mise en mots » du monde, pour essayer de se dire vraiment.
Fruit de la rencontre avec Joëlle Wider-Greset, ce travail s’appuie sur un montage de textes tiré de sources hétéroclites (Antonin Artaud, Kurt Cobain, Fernando Pessoa, Michel Leiris, Tiqqun, etc.), au sein duquel ont notamment émergé les Écrits bruts, ces textes rassemblés par Jean Dubuffet et Michel Thévoz à la Collection de l’Art Brut à Lausanne. Des voix et des pensées s’y entrochoquent, tiraillées par le désir impérieux de vaincre leur mal-à-être. Sur scène, le corps se débat avec son propre reflet et la parole tente ainsi de se déployer, entrant en dialogue avec un sound-design modulé en direct. Ce dialogue s’appuie sur une collaboration de longue date avec Dario Galizia et conduit petit à petit à une déconstruction du langage, à une tentative acharnée de se dépouiller des artifices et de renouer avec le sensible des corps en présence. C’est une invitation à lâcher prise, se laisser déborder et voir ce qui peut émerger au-delà du filtre du normal.
Les 18 et 19 mars, vous avez la possibilité de débuter votre soirée avec Arborescence programmée de Muriel Imbach à la salle de spectacle du Vortex-UNIL.
Générique
Conception, mise en scène et jeu
Jonas Lambelet
Conception et collaboration artistique
Joëlle Wider-Greset
Création sonore
Dario Galizia
Création du surtitre
Alexandra Nivon
Régie générale
Céline Ribeiro
Traduction
Lara Lambelet (eng)
Marlène Micheloni (it)
Administration
Alexandra Nivon
Montage de textes tissé d’après A. Artaud, F. Pessoa, Tiqqun, C. Tarkos, M. Leiris, G. Lucca, S. Rodanski, M. Mourre, S. Daiber, P. P. Pasolini et Jacqueline.
Production
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Remerciements
Collectif Et Maintenant – Maison de quartier sous-gare – Christoph Pfänder – Adina Secrétan – Justine Bouillet
Soutien
L’Abri, Genève
Bord de plateau
À l’issue de la première du jeudi 17 mars, un bord de plateau est organisé avec Claire de Ribaupierre, dramaturge, interprète et enseignante à La Manufacture – Haute école des arts de la scène. Également Docteure es Lettres, Claire de Ribaupierre mène des recherches principalement dans les domaines de l’anthropologie, de l’image et des arts vivants contemporains.