Programme de recherche annuel
Du milieu #1 : se décentrer
Le programme de recherche est un projet annuel de formation et d’expérimentation théorique et pratique qui s’adresse aux artistes, chercheurexs, étudiantexs et professionnellexs des arts et du milieu académique. Tout au long de ce programme, différents modules et dispositifs viennent accompagner les participantexs dans une réflexion sur leurs pratiques et les modes de représentation issus de leur activité. En complément d’échanges théoriques, le programme comprend une phase pratique s’appuyant sur une problématique concrète relative aux enjeux contemporains.
Au printemps 2022, La Grange a organisé les Rencontres arts/sciences : une soirée de rencontres, discussions et performances pour explorer le lien entre arts et sciences. Ont été évoqués à cette occasion l’historique des relations entre chercheurexs et artistes, l’influence des changements sociétaux actuels sur leur développement, et les nombreuses perspectives en la matière.
Pour faire suite à cette rencontre, un programme de recherche et de production destiné à des artistes locaux et des chercheurexs de l’UNIL intitulé Du milieu #1 : se décentrer, est lancé à l’automne 2022.
Ce programme propose d’introduire une réflexion sur le « décentrement » au sens large dans les disciplines artistiques et scientifiques. Les participantexs ont accès à du temps de recherche et de création au plateau, ainsi qu’à des conférences et discussions organisées par La Grange, qui donneront lieu à des travaux collectifs présentés au public à l’automne 2023.
Un comité scientifique, qui regroupe des personnalités issues des milieux artistiques et scientifiques, a été constitué pour définir le cadre théorique et pratique et accompagner les participantexs dans leur recherche.
Participantexs
Vincent Fontannaz, né en 1979 à Lausanne, est comédien et metteur en scène. Après des études de Lettres, il se forme à la section professionnelle d’art dramatique du Conservatoire de Lausanne d’où il sort diplômé en 2004. Il a travaillé en tant qu’acteur dans plus de quarante spectacles en Suisse et en Europe, ainsi que pour le cinéma et la télévision. Il est actuellement à l’affiche de Entre chien et loup la dernière création internationale de la brésilienne Christiane Jathay.
Très investi pour la cause environnementale, il part en Amazonie brésilienne à deux reprises afin de créer des spectacles pour lutter contre la déforestation. Ces spectacles, tout public, toucherons des centaines de personnes. Il y anime aussi de nombreuses actions de sensibilisation (plantation d’arbres, atelier avec des enfants, rencontres avec les autorités locales…). De retour en Suisse, avec son ami géographe et comédien Jean-Noël Rochat, il réalise un spectacle Le quotidien d’une goutte d’eau (joué notamment au Grand Rex à Paris). Fort de cette expérience, ils conçoivent et animent des activités sur l’eau dans l’espace urbain et créent plusieurs capsules vidéos en lien avec l’écologie et la durabilité. Depuis 2018, Vincent Fontannaz est directeur artistique de la compagnie Les soirées d’Enzo Bühne. Il crée en 2021, à Lausanne, le spectacle Comment bruissent les forêts ; un seul en scène intime qui questionne son lien à la nature ou comment devenir père dans la 6ème extinction de masse.
Amaranta Fontcuberta est docteure en écologie évolutive et médiatrice scientifique. Sa thèse de doctorat à l’UNIL a porté sur le comportement, la génétique et l’écologie de la dispersion chez une espèce de fourmi alpine présentant un polymorphisme social. Actuellement chercheuse au ColLaboratoire, unité de recherche collaborative et participative de l’UNIL, elle y coordonne un projet de recherche-action sur des nouvelles formes de cohabitation entre humains et animaux. Plus largement, elle s’intéresse au dialogue de savoirs autour de questions scientifiques et écologiques et à confronter des perspectives humaines et non-humaines sur l’environnement. Pour ce faire, elle aime combiner la recherche avec des projets participatifs et des collaborations artistiques de recherche-création.
Doctorante à l’Institut des sciences sociales (Faculté des sciences sociales et politiques (SSP) – UNIL), Virginia Haussauer s’intéresse à la façon dont se construisent et évoluent les discours critiques à l’égard du numérique. À travers une approche historique et sociologique, elle cherche à mieux comprendre les conditions de «succès» de la critique. De façon plus générale, son intérêt porte sur les enjeux du numérique en société.
Mathilde Krähenbühl est chercheuse à l’UNIL et mène une thèse en anthropologie à propos de la (non-)parentalité en temps de crise environnementale. Se demandant comment l’environnement s’invite dans l’intimité et (re)façonne les désirs reproductifs, elle s’intéresse à ce que nous disent les hésitations actuelles autour de la parentalité des représentations du futur. Ses terrains d’études se situent en Suisse et en France, dans des communautés militantes urbaines et rurales, composées de personnes quittant la ville pour s’établir à la campagne.
Aurélien Maignant est doctorant du Fonds National Suisse pour la recherche scientifique, affilié à l’Université de Lausanne et à la Sorbonne Nouvelle. Ses travaux portent sur la réception des objets culturels et les formes sociales de l’interprétation. Il mène notamment des enquêtes auprès des spectateuricexs pour interroger les effets politiques du théâtre contemporain. En parallèle, il travaille aussi sur les enjeux socio-esthétiques du numérique et intervient régulièrement dans des institutions culturelles et dans des projets de création scénique.
Assumant la gestion de projets aux côtés d’artistes et compagnies romandes depuis 2015, Alexandra s’est formée à la dramaturgie en obtenant son CAS en « Dramaturgie et performance du texte » délivré par l’Université de Lausanne et la Manufacture en 2019. Depuis, elle aborde une nouvelle facette de son travail auprès des compagnies.
Dans son mémoire intitulé « Stifters Dinge d’Heiner Goebbels : Faire émerger son propre poème », Alexandra s’est particulièrement intéressée à la réception des publics et au processus de mise en action du « spectateur ». Depuis 2020, elle accompagne l’artiste-chercheuse Caroline Bernard. Ensemble, elles travaillent à la conception de dispositifs performatifs qui tentent de montrer que l’art fait partie intégrante de la vie réelle. En déployant des processus d’expérimentation et d’enquête, elles tentent de considérer les effets pratiques et quotidiens pouvant être produits par la scène.
Alexandra collabore également avec le comédien et metteur en scène Jonas Lambelet, notamment sur la création « Nous tournoyons dans la nuit et nous voilà consumés par le feu » présentée à l’Abri, dans le cadre du festival « C’est déjà demain », mais aussi sur sa prochaine création en cours. Avec lui, ils creusent la question du théâtre comme pouvoir d’action politique, et tentent de saisir les porosités entre le champ artistique et le champ social. Alexandra travaille également pour la radio indépendante genevoise Radio Vostok, pour qui elle réalise des interviews culturelles et des tables-rondes, et s’occupe activement de sa recherche de fonds et de ses relations publiques.
Née en 1986, à Vevey, Valentine Paley se forme à la danse contemporaine en Suisse (Le Marchepied, Lausanne) et en France (CDC – Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse). Dès 2009, elle s’investit dans sa propre recherche chorégraphique. Elle conçoit et interprète des pièces chorégraphiques et des performances présentées en Suisse et à l’étranger. Elle collabore avec divers lieux et festivals comme Les Printemps de Sévelin, La Fête de la Danse, La Fête du Slip ou Les Chorégraphiques au Théâtre Oriental-Vevey. En tant qu’interprète, elle collabore notamment avec les artistes suisses Jasmine Morand, Claire Dessimoz, Louise Hanmer et Oliver Roth et, en France, avec Audrey Bodiguel et Julian Andujar. Aimant les aventures collectives, elle est membre fondatrice du Collectif veveysan RATS et de l’association Fréquence Moteur qui produit notamment ses projets.
Après une formation en art dramatique à l’INSAS de Bruxelles, Flavia Papadaniel travaille dès 2011 en tant que comédienne et assistante à la mise en scène en Belgique et collabore notamment avec P. Megos, B. Cogniaux, P. Pizzuti, V. Lemaître et O. Coyette. Elle réalise son premier projet (A6000) en 2013 à l’occasion des Nuits Blanche de Bruxelles. Dès 2014, elle travaille avec A-L. Prudat, M. Urban, A. Borek et N. Negri. En 2021 elle travaille en tant que regard extérieur pour un solo d’Anne-Laure Brasey présenté au théâtre 2.21. Depuis 2017 elle travaille régulièrement à la Haute École des arts de la scène – La Manufacture en tant que comédienne et assistante HES, puis en tant qu’intervenante et chercheuse. Dans ce cadre, elle participe à plusieurs projet de recherches artistiques en tant que comédienne et porteuse de projet. En 2022 et 2023 elle collaborera au projet de recherche de La Colle sur le travail en collectif et portera une recherche sur la réversibilité de descriptions scientifiques écrites.
Gérald Sinclair termine actuellement un projet de thèse en philosophie générale et pratique qui s’intéresse aux mutations contemporaines de l’humanisme, au croisement de plusieurs forces de changement : les biotechnologies et les technologies de l’information, divers savoirs scientifiques et plus particulièrement le paradigme écologique en sciences, les crises écologiques (défaunation, ). Dans ce cadre, il a développé un concept général du décentrement qu’il applique à la remise en cause de l’exception humaine. Ses autres intérêts de recherche comprennent la philosophie des mondes possibles et de l’imaginaire (les manières de faire des fictions, plus ou moins interactives ou spéculatives, et les effets des fictions – comiques, horrifiques, politiques…), ou encore la philosophie des religions (dont les spiritualités contemporaines – après un Master de Théologie et un mémoire sur la mystique). Il a entre outre travaillé en tandem avec des amiexs plasticiennexs et vidéastes.
Marion Thomas est autrice, metteure en scène et interprète. Formée à La Manufacture – Haute école des arts de la scène (Master Théâtre orientation mise en scène 2017), elle développe des formes singulières, inspirées de la conférence, de la performance et du stand-up, où elle aime mélanger culture internet, jeux vidéo et passion pour les sciences dures. Elle développe actuellement ses propres projets scéniques entre Nantes – avec la compagnie FRAG – et Lausanne en collaboration avec Pintozor Prod. Elle continue en parallèle à être interprète pour diverses compagnies françaises et suisses.
Comité scientifique et artistique
Romain Bionda est docteur ès Lettres de l’Université de Lausanne. Actuellement, il coordonne les activités du Centre d’études théâtrales de l’UNIL et codirige en outre la revue Fabula-LhT : littérature, histoire, théorie. Il collabore par ailleurs très volontiers avec des artistes.
Ses recherches concernent principalement les relations complexes que la « littérature » et le « théâtre » entretiennent du XIXe siècle à nos jours. En adoptant le plus souvent une perspective théorique et historiographique, elles portent sur des notions (déjà théorisées ou à théoriser), des activités (édition théâtrale, performance littéraire), des genres (fantastique, science-fiction), des mouvements (futurisme) ou des thèmes (rapports aux machines ou entre animaux humains et non humains).
Nathalie Dietschy est professeure assistante (tenure-track) à la Section d’histoire de l’art de l’Université de Lausanne. Spécialiste de la période contemporaine, elle s’intéresse en particulier à la photographie selon une approche d’histoire culturelle. Ses recherches portent notamment sur les représentations du Christ, le livre de photographie, la photographie à l’ère numérique (ou post-photographie), et les images générées par les machines. Elle est l’auteure de l’ouvrage Le Christ au miroir de la photographie contemporaine (Alphil, 2016) et de The Figure of Christ in Contemporary Photography (Reaktion Books, 2020), et a coédité Le Christ réenvisagé (Infolio, 2016) et Jésus en représentations (Infolio, 2011). Elle a publié plusieurs articles dans des revues scientifiques, ainsi que dans des catalogues d’exposition, notamment pour Andres Serrano et David LaChapelle.
Formé à l’INSAS (Institut national supérieur des arts du spectacle), à Bruxelles, Fabrice Gorgerat fonde la Cie Jours tranquilles en 1994. Dans ses spectacles, qui sont autant d’immersions sensorielles, le metteur en scène lausannois confie souvent à ses figures le soin de réveiller ses fantômes. Car Fabrice Gorgerat travaille sur l’inconscient, cette part enfouie qui raconte l’être humain dans ce qui échappe, résiste, dérape et surprend. Qu’il se penche sur les conséquences d’une catastrophe nucléaire (Médée-Fukushima), le spleen provincial (Emma), le rituel du lever (Au matin) ou les massacres terroristes (Nous/1), il aime voir au-delà du miroir, dans cette zone grise où s’agitent les non-dits, entre élans et tourments.
Après une carrière d’interprète Nicole Seiler a fondé sa compagnie en 2002 à Lausanne et a créé une trentaine de spectacles à ce jour. L’image, la vidéo et la voix ont une grande importance formelle dans sa démarche artistique. Sa recherche donne naissance à des projets de formes diverses : des spectacles scéniques de danse et/ou de multimédia, des vidéos et des film, des installations chorégraphiques, des performances in situ qui gardent les spectateuricexs actifvexs dans l’interprétation. Ces dernières années sa réflexion sur la relation entre l’image et le son se penche plus particulièrement sur la description du mouvement, l’exploration du langage dansé en relation avec son pendant articulé et la mémoire du mouvement d’un point de vue historique ou personnel. Ceci l’a amenée à développer un intérêt pour le travail vocal, et à travers son usage faire du corps un instrument total. Depuis 2004, la compagnie rencontre une diffusion internationale.
En 2009 Nicole Seiler remporte le Prix Culturel Vaudois Danse par la Fondation Vaudoise pour la Culture et en 2021, elle est récompensée par le Prix Suisse des Arts de la Scène. Nicole Seiler est régulièrement invitée à enseigner, à donner des stages et des masterclass ainsi qu’à participer à des forums et des symposiums dans le monde entier.
Parallèlement à son travail de chorégraphe, Nicole Seiler s’intéresse aussi aux questions de politiques culturelles et au fil des années elle a fait partie de jurys et de différents comités d’association et conseils de fondation ou d’administration tels que Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture, Danse Suisse, far° festival des arts vivants Nyon, SSA – Société Suisse des Auteurs, etc. Enfin,d depuis 2018 Nicole Seiler est co-programmatrice à l’ADN Danse Neuchâtel.
Julie Sermon est professeure en études théâtrales (Université Lyon 2), chercheure associée à La Manufacture – Haute école des arts de la scène (Lausanne) et dramaturge.
Co-autrice de plusieurs ouvrages consacrés aux évolutions des formes, des techniques et des pratiques propres aux arts de la scène contemporains (avec Jean-Pierre Ryngaert : Le personnage théâtral contemporain : décomposition, recomposition, 2006 ; et Théâtre du XXIe siècle : commencements, 2012 ; avec Yvane Chapuis, Partition(s). Objet et concept des pratiques scéniques (20e-21e siècles), elle s’intéresse tout particulièrement aux phénomènes de décentrement (théorique, esthétique, actorial) que ces mutations impliquent.
Depuis 2017, elle consacre l’essentiel de ses recherches et de ses enseignements aux relations, à double sens, qui peuvent se nouer entre les arts de la scène et l’écologie – réflexions dont elle propose un premier état des lieux dans Morts ou vifs. Contribution à une écologie sensible, théorique et pratique des arts vivants (édition B42, juin 2021).
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